16 janvier 2023

Et pourtant…

il y a encore et toujours des gens qui dorment dehors !

La Métropole Européenne de Lille compte plus de 8 000 places d’hébergement (chiffes ADULM 2021), que ce soit en CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), hébergement d’urgence, résidence sociale ou places spécifiques pour les demandeurs d’asile. Sy rajoutent plus de 500 places en pension de famille.
A première vue, il semblerait que les besoins soient couverts et que tout soit fait pour que les personnes sans abri se voient proposer une solution d’hébergement sur notre territoire. Et pourtant, il y a encore et toujours des gens qui dorment dehors !

Et pourtant, tous les accueils de jour de la Métropole font face ces derniers mois à une forte augmentation du nombre de personnes les fréquentant. Au sein de notre accueil de jour, rue Solférino, on est passé de 1900 visites par mois en janvier à plus de 2500 visites en décembre.

En 2022, plus de 2550 personnes différentes ont été accueillies dans notre accueil de jour.

Pour le Point de Repère, accueil de jour pour les jeunes de 18 à 25 ans, nous ne recueillons pas de données nominatives. Mais nous avons enregistré plus de 8000 passages sur les 6 derniers mois, pour une file active d’un millier de jeunes et de personnes toxicomanes suivies.

Ces chiffres rejoignent les constats faits par nos équipes mobiles qui n’ont jamais croisé autant de personnes en rue. Il ne se passe pas une journée sans que ces travailleurs sociaux, qui vont vers ceux qui ne demandent plus rien, soient confrontés à des situations sanitaires désastreuses. Même lorqu’on a le COVID, même avec des pathologies lourdes, même si on a plus de 70 ans, lorsque l’on fait le 115 quand on en a encore l’énergie de le faire, aucune place n’est proposée.

25 places se sont libérées en décembre 2022 pour… plus de 300 appels par jour !

Plus de 3000 personnes se déclarent à la rue dans la métropole lilloise. Oh, ils ne sont pas forcément sur les trottoirs, même s’il y en a de plus en plus qui vivent dehors. Certains vivent dans des abris faits de bric et de broc : mais est-ce vraiment mieux d’être dans un abri de fortune ? De passer une nuit ici, une nuit là, chez des amis ou des connaissances qui ne peuvent offrir une quelconque stabilité ? Et il y a aussi tous ceux qui se cachent dans les parkings, ceux qui squattent comme par exemple ceux qui se sont réfugiés dans la zone de non-droit sur la friche de St Sauveur.

Equipe mobile abej SOLIDARITE – photo A. Dinaut


Et puis, il y a ceux qui trouvent des solutions temporaires grâce à l’hébergement citoyen et les associations militantes qui viennent prendre le relais d’un Etat défaillant dans cette mission qui lui revient de droit. Que penser d’une société dans laquelle les personnes sans abri n’ont d’autres solutions que de s’abriter dans les gares, les métros, les laveries, les hôpitaux ou les bibliothèques ? Que penser d’une société qui ne prend même plus la peine de proposer des solutions à tous ces enfants condamnés à errer sans abri ?

Et pourtant, des places ont été ouvertes pour remplacer les nuitées d’hôtel financées pendant la période de la crise sanitarie. Mais ces places ne sont pas adaptées au public marginalisé qui lui est condamné à la rue.

En effet, comment ces personnes pourraient-elles accéder à des places en diffus où on demande des participations financières ? Et que dire de ces centres d’hébergement qui refusent encore la présence d’animaux de compagnie ou qui ont des règlements de fonctionnement interdisant toute liberté de mouvement ? Non seulement, il manque de places d’hébergement, mais celles qui existent ne sont pas toutes adaptées au public qui est sans domicile.

Et pourtant… Faut-il se résigner à cet état de fait ? Faut-il abandonner le combat ? Lorsque le Président de la République a appelé au « Quoi qu’il en coûte » durant la pandémie, les choses ont vraiment changé. Pratiquement plus aucune personne n’était à la rue, plus aucun enfant ne dormait dehors. C’est que c’est donc bien une question de volonté politique. Les solutions existent, il faut que les moyens financiers et humains soient mis pour répondre à ce qui devient de plus en plus insupportable au quotidien. Ce dont les gens qui sont sans abri ont besoin, c’est d’un véritable élan populaire en leur faveur.

Si tout le monde se mobilise, on pourra enfin dire adieu à la vie à la rue.

Rendez-vous le jeudi 26 janvier à 16h30 devant la gare Lille Flandres !

Partager :