2 mai 2022
La Clé de l’avenir : un dispositif qui permet le relogement des Jeunes
Depuis 3 ans, l’abej SOLIDARITÉ expérimente un dispositif, La Clé de l’avenir, qui vise à assurer le relogement et le maintien en logement de jeunes de 18 à 26 ans.
La Clé de l’Avenir, qu’est-ce que c’est ?
Parmi les personnes qui sont sans abri sur le territoire de la Métropole Européenne de Lille (MEL), environ un quart sont des personnes qui ont entre 18 et 25 ans ! Or, les jeunes sont un public qu’il est important d’accompagner afin de leur permettre d’accéder et de se maintenir dans leur logement. C’est ce que propose l’abej SOLIDARITÉ, en lien avec le bailleur social Partenord Habitat.
La Clé de l’avenir : un dispositif qui permet le relogement des Jeunes
La Clé de l’Avenir propose un accompagnement social renforcé par des coachs bénévoles pour 25 à 30 jeunes. L’idée est d’accompagner le jeune de manière globale et individuelle sur ses difficultés, quelle qu’elle soit : Logement, démarches administratives, suivi professionnel, culture et loisirs, santé, famille, budget…
En complément de ce suivi individuel, différentes activités collectives sont proposées : groupe de paroles, activités culturelles et de loisirs, réunions d’informations et de formations, actions d’utilité sociale. L’idée est à la fois de gagner en autonomie les jeunes accompagnés, d’améliorer l’estime et la confiance en soi, de favoriser et développer des compétences qui sont souvent cachées à priori, de favoriser l’entraide et, de manière générale, de favoriser la réinsertion sociale.
Le dispositif de La Clé de l’avenir propose aussi un fonds de solidarité qui permet d’aider les jeunes sous forme d’aide financière en prêt ou en dons pour les jeunes en rupture de ressources, ce qui leur permet d’assurer leurs dépenses alimentaires et d’hygiène et de venir suppléer au paiement des loyers, charges et factures de fluides.
Des premiers résultats très positifs
La Clé de l’avenir, depuis sa création, a permis de reloger plus d’une quarantaine de jeunes (isolés, en couples ou même des ménages avec enfants) aussi bien en logement social que chez des bailleurs privés.
Ce qu’il faut souligner, c’est que ces jeunes étaient dans des situations compliquées à leur arrivée : sortants de dispositif d’Aide Sociale à l’Enfance, mineurs étrangers non accompagnés régularisés, sortants de CHRS, sortants de prison, personnes ayant subi des ruptures familiales ou rupture de couple. La grande majorité de ces jeunes à leur arrivée est sans ressource et présente des difficultés de santé importante. Même si l’accompagnement pour l’accès reste compliqué pour des jeunes souffrant de trop de problématiques addictives ou de pathologies psychiatriques non stabilisées, pour tous les autres profils, le dispositif fonctionne et les ruptures d’accompagnement sont rares.
L’évolution des ressources est très positive avec au 31/12/2021, plus de 20 jeunes qui ont des ressources liées à un contrat de travail ou une formation (dont la moitié en CDI).
Pourquoi ça marche ? Les innovations incontournables du dispositif
Le Coaching individualisé
Chaque jeune dans le programme a une marraine ou un parrain qui l’aide dans ses démarches et le motive. Ce coaching est assuré par une équipe de bénévoles qui s’engagent et sont de vraies figures de référence, présents au quotidien et disponibles 7 jours sur 7. Ils sont encadrés par la coordinatrice du dispositif et sont formés et soutenus dans leur accompagnement des jeunes pour qui ils s’engagent de manière intense et globale. En 2021, lorsqu’on additionne le temps de présence de tous ces bénévoles, on arrive à 5 équivalents temps plein.
La mise à disposition de logements temporaires avec STIRRUP
STIRRUP est une start up qui met en lien des propriétaires ayant des biens immobiliers qui ne sont pas mis sur le marché locatif avec des associations qui aident les personnes sans abri. Ces propriétaires s’engagent à mettre à disposition gratuitement des logements en échange de déductions fiscales pour le don consenti, ce qui permet de proposer des logements temporaires aux personnes qui en auraient besoin.
Ces logements, dont l’occupation moyenne pour les jeunes qui en sont sortis est de 8 mois, sont un véritable outil pour mettre en situation les personnes et les confronter à la réalité de la vie dans un logement autonome. Ils sont encadrés par un hôte de maison bénévole qui assure un suivi et un accompagnement au quotidien. Comme les jeunes doivent assumer les charges du loyer et verser chaque mois l’équivalent d’un loyer sous forme d’épargne qui leur est rendue à leur sortie, la gestion du budget peut être travaillée dès leur entrée dans ces logements temporaires.
Par ailleurs, ces logements permettent aux jeunes de retrouver une stabilité dans leur vie, ce qui permet le début des démarches de réinsertion sociale et professionnelle. L’équipe les accompagne aussi dans l’installation dans leur logement (et notamment les démarches d’assurance habitation), l’appropriation des locaux, la gestion budgétaire, la gestion des fluides, l’entretien du logement, l’apprentissage des courses, de la cuisine…
Lorsqu’ils intègrent un logement auprès d’un bailleur, l’entrée se fait de manière plus sereine et les bailleurs sont rassurés car le jeune a déjà une expérience réussie de vie dans un logement autonome dont il a assuré les coûts.
La création d’un Référentiel d’Observation des Compétences Sociales
Ce référentiel est un outil créé par l’association qui reprend 33 questions notées de 0 à 3 points en fonction de l’autonomie de la personne (0= pas du tout autonome, 3 = parfaitement autonome). Cela permet d’obtenir un score sur 100, témoin du degré d’autonomie.
Ces questions couvrent différents domaines :
- Gestion budgétaire
- Vie quotidienne
- Gestion administrative
- Sociabilisation
- Santé
- Emploi/Professionnel
A l’entrée dans le dispositif, les jeunes se donnent un score de 61% alors que l’équipe estime qu’ils sont autonomes à 31% seulement.
Après 12 mois d’accompagnement, l’étude des ROCS montre un taux d’autonomie de 79% pour les jeunes, avec un accord de l’équipe sur cette autonomie. Sur les périodes plus longues, l’autonomie s’accroit encore.
L’accompagnement mis en place d’atteindre plusieurs objectifs :
- Aider le jeune à se rendre compte de ses difficultés
- Travailler avec le jeune sur ces difficultés
- Encourager à participer aux temps de formations
- Améliorer l’autonomie de ces jeunes
- Entraide et esprit de groupe
L’entraide pour les jeunes ménages ayant vécu des souffrances terribles, un parcours souvent chaotique et avoir été en insécurité, est un moyen de reprendre leur vie en main et de démontrer leur capacité et leur savoir être et faire à la société en commençant par s’aider mutuellement et en aidant les autres. Ils participent en fonction de leur emploi du temps, de leur potentialité et, pour certains poussés et entrainés par l’effet de groupe.
C’est un soutien non seulement pour les autres jeunes du groupe, pour eux et d’autres.
Ainsi, ils interviennent dans différents domaines et lieux comme :
- la récupération de meubles, d’électroménager, de vêtements, etc pour une seconde vie que ce soit pour le dispositif ou d’autres
- l’embellissement et petits travaux en mettant leurs compétences en valeur,
- la participation au nettoyage d’immeubles, de quartiers, de lieux de culte, etc,
- l’animation et l’accompagnement des personnes auprès d’autres associations ou établissements recevant du public (handicaps, jeunes, personnes âgées),
- l’aide aux voisins (sortir les poubelles, faire des courses, partager un repas),
- le soutien scolaire ou lors des formations (l’expérience de l’un utilisée pour l’autre).
L’entraide est vécue comme une véritable forme d’intégration dans la société et une véritable reconnaissance souvent recherchée.
LES PERSPECTIVES DE PERENNISATION
Au vu des résultats positifs, nous avons fait le choix de tenter de pérenniser le dispositif au-delà de l’année 2022. Pour ce faire, des contacts sont pris avec les institutions (MEL, Département, Etat), les bailleurs HLM, auprès de fondations pour assurer le financement. Un appel à dons est lancé.