10 juillet 2025
Récit d’un accompagnement peu ordinaire au Centre de santé
Situé à l’étage de l’accueil de jour, le Centre de santé est en première ligne pour prodiguer des soins aux personnes en grande précarité.
Rencontre avec Jules, médecin au Centre de santé, qui a rejoint l’abej SOLIDARITÉ depuis quelques mois. Il intervient également dans deux autres services de l’association : le dispositif Un Chez-soi d’Abord et l’ESSIP/LHSS Mobiles.
Dans une interview qu’il a accordée au service communication de l’abej SOLIDARITÉ, Jules revient sur une action peu anodine, vécue avec l’une de ses patientes.
« Anna, une de nos patientes au Centre de santé, est arrivée en France sans-papiers. Elle a ensuite été régularisée, mais sur le plan social, sa situation reste compliquée.
Côté santé, elle n’allait pas bien. Elle a entamé des démarches pour obtenir la sécurité sociale, mais son dossier tarde à être traité. Sa santé se dégradait, alors elle s’est tournée vers le Centre de santé de l’abej SOLIDARITÉ pour recevoir les soins nécessaires.
C’est une patiente qui suit bien son traitement et qui sait dire quand quelque chose ne va pas. Un jour, elle nous a informés qu’elle devait repartir temporairement dans son pays d’origine, à la suite d’un événement dans sa vie personnelle.
L’équipe du Centre de santé a pris le temps d’échanger avec elle pour comprendre comment elle allait vivre sur place et comment elle allait prendre son traitement.
En fonction des dates de voyage, nous avons évalué la quantité de médicaments nécessaires. Elle a reçu les traitements pour la durée prévue, ainsi qu’une ordonnance, pour pouvoir justifier de la présence de ces médicaments aux douanes, aussi bien à l’aller qu’au retour.
Nous avons veillé à ce que les soins qu’elle recevait à l’abej SOLIDARITÉ puissent être poursuivis pendant son séjour, et qu’elle puisse reprendre son suivi à son retour, sans mettre sa santé en danger.
Cela a permis d’éviter une rupture de traitement.
Sans ce relais, certains patients partent sans rien et reviennent dans un état de santé fortement dégradé, avec, en plus, des soins plus lourds à prévoir à leur retour.
L’abej SOLIDARITÉ a permis à Anna de recevoir les soins dont elle avait besoin, les traitements adaptés à sa situation, même en tenant compte de cet événement de vie qui l’obligeait à repartir temporairement dans son pays d’origine. Elle a pu revenir ensuite et poursuivre son suivi.
Dans ce genre de situation, je me dis que, quel que soit le parcours de la personne, le Centre de santé de l’abej SOLIDARITÉ essaiera toujours de l’aider. On fait tout pour qu’un relais soit possible, pour que la prise en charge puisse continuer. On ne baisse pas les bras. On ne laisse pas les gens seuls.
Mettre les moyens pour accompagner des personnes très précaires, parfois sans droit, c’est aussi permettre une meilleure prise en charge. Leur permettre de se sentir écoutées et de retrouver un minimum de stabilité dans leur parcours de soin.
La première question qu’on pose ici, ce n’est pas : “Avez-vous une carte vitale ?”
C’est : “Comment allez-vous ?”
Et cette différence-là, elle est importante. Elle change tout, comparé à ce qu’on peut parfois vivre dans un service hospitalier ou en cabinet de ville. »