13 octobre 2020

Une maraude comme les autres ?

6h30, les rues de la métropole lilloise sont encore plongées dans l’obscurité. A la halte de nuit, les veilleuses sont allumées, éclairant les personnes sans-abris venues chercher un peu de chaleur, de sécurité.

La maraude de rue, menée par Djelloul et Kevin, est sur le point de commencer. Les derniers préparatifs sont en cours : le café, les bouteilles d’eau, le sucre, les masques, les couvertures. Tout est installé dans la camionnette pour partir à la rencontre des personnes sans-abri dans les rues de la métropole lilloise.

La maraude est le premier contact des personnes marginalisées. Elle apporte de la chaleur humaine, du lien social, mais surtout propose un accompagnement vers les structures d’hébergement et de réinsertion. Les personnes contraintes de vivre à la rue n’ont plus, pour la plupart, la capacité d’aller vers les structures d’aides pour diverses raisons : pathologies psychiatriques, addictions … Elles vivent un décrochage total de notre société.

7h00 : départ pour la maraude. Après 20 minutes de trajet, c’est au bord d’un rond-point que Djelloul et Kevin décident de s’arrêter. Sous les rails du métro, Arthur, 27 ans, a décidé de planter sa tente. Le jour se lève, à peine 8 petits degrés en ce début du mois d’octobre. C’est dans sa tente, seul, que Arthur dort tant bien que mal avec des températures qui ne cessent de baisser. Autour d’un café, les maraudeurs discutent avec Arthur de l’avancée de son dossier, des pièces administratives à fournir pour sa domiciliation (un service que propose l’abej SOLIDARITÉ à l’accueil du Point de Repère), de son rendez-vous avec le service logement de l’association.

Avec Arthur, comme avec les autres personnes rencontrées, la maraude de l’abej SOLIDARITÉ exécute ses missions : recréer du lien social et surtout accompagner ces personnes en grande difficulté pour les reconnecter au monde.

8h30 : départ pour Saint-André-lez-Lille. Deux jours plus tôt, Kevin a aperçu un homme sous un pont.

Djamil dort sur un matelas, sans tente, avec quelques couvertures et ses chats pour seul réconfort. La prise de contact se fait assez simplement autour d’un café. Djamil est connu des services de l’abej SOLIDARITÉ, notamment par les services du Un Chez Soi d’Abord (https://abej-solidarite.fr/structure/un-chez-soi-dabord/). Les maraudeurs lui conseillent, sans le forcer, d’aller à l’accueil de jour.

10h00 : arrivée au Point de repère (https://abej-solidarite.fr/structure/point-de-repere-caarud/). Un rendez-vous était prévu avec Marie. Elle était suivie par les équipes de l’abej SOLIDARITÉ, elle avait depuis retrouvé un logement. Mais, depuis deux jours, elle dort à nouveau dehors, son compagnon violent l’a mise à la rue. Djelloul et Kevin accompagnent alors Marie dans un centre pour qu’elle puisse obtenir son traitement contre les opiacés.

12h00 : Après des dizaines kilomètres, il est temps pour Djelloul et Kevin de faire le compte rendu de leur matinée. Ils renseignent dans une base de données, les différentes actions menées lors de cette matinée. Le parcours de chaque personne prise en charge par l’abej SOLIDARITÉ est noté, enregistré. Cela permet de suivre l’avancée du parcours de rue ou l’insertion des personnes rencontrées.

L’équipe de la maraude prend aussi le temps de consulter les signalements qu’elle reçoit via le site de l’abej SOLIDARITÉ (https://abej-solidarite.fr/signalement/). Une rubrique permet en effet de signaler une personne à la rue.

Recréer du lien social et accompagner toute personne, peu importe la situation est la finalité des équipes de la maraude. Chaque situation est unique, chaque personne sans abri possède son histoire, son parcours. Depuis 10 ans, les équipes de maraude font face à un public de plus en plus jeune, marginalisé en raison de pathologies et de problèmes d’addictions, pour lesquels un accompagnent est difficile, mais pas impossible : sans-abri, mais pas sans espoirs.

Cette matinée à la maraude n’est qu’une “séquence” selon Djelloul. Chaque jour, les équipes font face à des situations différentes. Pourtant la finalité est toujours la même, prendre contact avec les personnes sans abri, les aider, les accompagner afin qu’elles puissent se réinsérer, à leur rythme, dans un monde duquel elles n’ont plus l’impression de faire partie.

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