2 octobre 2025

Des équipes mobiles au plus près de la rue

Des missions essentielles et en pleine évolution

À Lille et dans sa métropole, les équipes mobiles de l’abej SOLIDARITÉ sillonnent les rues, les gares, les stations de métro, de jour comme de nuit, pour aller à la rencontre des personnes privées de domicile. Elles ne viennent pas seulement distribuer un café ou une couverture : elles construisent des liens durables avec ceux qui vivent dans l’oubli.

Deux équipes composées de travailleurs sociaux formés sont mobilisées chaque jour sur des horaires larges (entre 6h du matin et 1h du matin). L’une est financée par la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) dans le cadre de la veille sociale. L’autre bénéficie du soutien de la SNCF et d’ILEVIA, partenaires qui ont compris l’importance d’une présence sociale dans les lieux de transit comme les gares et les stations de métro. Plutôt que de répondre uniquement par des logiques de contrôle ou d’éloignement, ces interventions permettent d’agir en profondeur, avec des réponses concrètes et humaines.

Marauder, c’est aller vers l’invisible

Marauder, c’est se déplacer dans l’espace public pour aller à la rencontre de personnes en situation de grande exclusion, là où elles vivent vraiment : dans la rue, les parkings, les halls d’immeuble, les interstices urbains. L’objectif ? Offrir une présence bienveillante, une écoute sincère, un accompagnement adapté.

Les maraudes peuvent être :

  • Dirigées : en réponse à un signalement d’un citoyen ou d’une institution.
  • Libres : sur les lieux connus où survivent les personnes sans-abri.

Mais au-delà du repérage, la mission est bien plus vaste : il ne s’agit pas de « faire le tour » des personnes sans-abri, mais de créer un lien de confiance, de longue durée, avec des personnes souvent en rupture totale avec les structures d’aide.

Bien plus qu’un café : un accompagnement global et sur mesure

On associe souvent la maraude à la distribution alimentaire ou de matériel de survie. Si ces gestes ont leur importance, le travail des équipes de l’abej SOLIDARITÉ va beaucoup plus loin. Ces équipes sont entièrement professionnelles, constituées de travailleurs sociaux expérimentés, capables de répondre à des situations complexes.

Leur mission ? Un accompagnement à 360°, dans toutes les dimensions de la vie

  • Accès aux soins : orientation vers des professionnels, accompagnement à des rendez-vous, liens avec des dispositifs spécialisés. À la rue, rappelons-le, l’espérance de vie ne dépasse pas 50 ans.
  • Démarches administratives : domiciliation, carte d’identité, ouverture de droits sociaux (CAF, sécurité sociale), régularisation de la situation fiscale ou bancaire.
  • Accès à l’hébergement ou au logement : inscription au SIAO, préparation de dossiers, accompagnement personnalisé en fonction des solutions disponibles.
  • Soutien moral et psychologique : être là, tenir parole, et accompagner dans la durée, même dans les moments de refus ou de découragement.

Le travail social de rue demande temps, régularité, expertise et patience. Les équipes s’adaptent à chaque situation, parfois instable ou urgente, souvent profondément ancrée dans des parcours de vie douloureux.

Des partenaires multiples pour construire des solutions durables

La force des équipes mobiles repose aussi sur leur capacité à travailler en réseau. Elles sont en lien permanent avec :

  • Les services de l’abej SOLIDARITÉ (hébergement, logement, insertion…),
  • Les structures de soins,
  • Les institutions (SIAO, CCAS, DDETS…),
  • Et de nombreux partenaires de terrain.

Cette transversalité est de plus en plus nécessaire et essentielle pour permettre à des personnes soumises à des contraintes et des exigences toujours plus fortes de trouver une solution et de sortir de la rue. Il y a quelques années, le travail était plus simple et était principalement orienté vers l’accès à un hébergement qui prenait le relais dans l’accompagnement social. Aujourd’hui, la réalité est bien plus complexe : les places sont rares (seulement 2 ou 3 disponibles pour 300 à 400 appels quotidiens au 115 !), et les parcours sont souvent marqués par des problématiques médicales, psychiques, ou juridiques. Il ne s’agit plus de chercher une « solution » immédiate, mais d’accompagner sur le long terme, avec tous les outils disponibles, en fonction des choix et du rythme des personnes.


« Ils sont mes anges gardiens ! Ils répondent à tout ! Y a rien qui les arrête ! Ils arrivent toujours à trouver des solutions, ils m’ont ramené tout ce dont j’avais besoin. J’étais dans la rue, je n’avais plus rien, ils ne m’ont pas lâchée, ils m’ont dit que ça allait marcher et ça a marché ! Ils m’ont trouvé un foyer. Ils m’accompagnent toutes les semaines pour mon traitement, ils m’ont trouvé une vapote, ils m’ont trouvé un téléphone, ils m’aident tout le temps. On a vu la juge, je vais être sous curatelle comme ça plus de problème pour gérer les papiers, l’argent… »
Caroline


Des équipes mobiles : des missions essentielles et en pleine évolution pour faire reculer le sans-abrisme

Grâce à leur travail quotidien, les équipes mobiles de l’abej SOLIDARITÉ permettent à des personnes marginalisées, invisibles, parfois désespérées, de reprendre pied. Elles ne « sortent pas » les gens de la rue en un claquement de doigts, mais elles ouvrent des chemins possibles, elles reconstruisent la confiance, elles redonnent des droits, une dignité, parfois même l’espoir.

Elles sont des vigies sociales, en première ligne. Par leur présence, elles assurent aussi une veille sociale et sanitaire précieuse, qui permet de faire remonter les besoins réels du terrain, d’alerter les institutions et de proposer des réponses adaptées à l’évolution des situations. Ce travail mérite d’être reconnu, soutenu, valorisé. Sans elles, la rue serait encore plus silencieuse, et ceux qui y vivent encore plus oubliés et invisibles.

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