8 octobre 2024
Quels choix pour le nouveau gouvernement ?
Nous sommes à l’abej SOLIDARITE particulièrement attentifs aux orientations qui vont être prises dans les semaines qui viennent par le nouveau gouvernement ; parce que ces choix vont avoir un impact important sur le quotidien et l’avenir des personnes que nous rencontrons et accompagnons.
Choix budgétaires tout d’abord.
Nous ne sommes pas sans ignorer l’importance des déficits publics et nous savons ce que signifie l’impérieuse nécessité d’équilibrer un budget. Le monde associatif auquel nous appartenons a l’expérience de ce qu’engage au quotidien une gestion saine et rigoureuse.
Des choix vont donc devoir être faits pour retrouver un équilibre global et nous ne le contestons pas. Ce qui nous importe et nous semble essentiel, c’est que ces choix ne soient pas faits au détriment des personnes qui sont les plus en difficulté et qui paient déjà le prix le plus lourd face à l’inflation et à la dureté de la vie quotidienne.
Si toutes les mesures budgétaires qui vont être prises pouvaient être mesurées et évaluées à l’aune de l’impact qu’elles auront sur la part de notre population la plus pauvre, ce serait porteur de sens et facteur de cohésion et de solidarité. Quoi qu’il en soit, les personnes les plus précaires n’ont pas à faire les frais d’une politique qui, sur certains aspects, a été trop dispendieuse, et les budgets des politiques publiques qui leurs sont destinées doivent être sanctuarisés.
Par ailleurs, dans un contexte où les chiffres du chômage sont moins élevés qu’auparavant, nous pensons essentiel de ne pas oublier qu’il est impératif d’aider les personnes pour lesquelles, pour de multiples raisons, il est nécessaire de proposer un accompagnement charpenté avant d’accéder à l’emploi « classique ». Les chantiers d’insertion par l’activité économique ont une réelle utilité et font sens, et les abandonner sous prétexte de la baisse des chiffres du chômage c’est condamner durablement toute une partie de nos concitoyens au non-emploi. Parce que, quand on a eu un parcours de grande galère et de marginalité, « il ne suffit pas de vouloir », il faut pouvoir être accompagné dans la durée et avancer à son rythme pour franchir des étapes.
Choix concernant la politique migratoire.
Une part importante des personnes privées de domicile est issue de parcours d’exil.
Dire que les personnes étrangères viennent en France pour « profiter de notre système d’aides sociales et de santé » et affirmer que l’aide qui leur est destinée se fait au détriment de l’aide apportée aux françaises et français est faux et ne résiste pas à la réalité des faits et des parcours. On ne quitte pas son pays et on ne prend pas des risques énormes pour toucher une allocation de demandeur d’asile ou pour bénéficier de l’Aide médicale D’Etat, toutes les personnes qui rencontrent des migrants peuvent en témoigner.
Opposer les publics les uns aux autres ne fait pas sens et n’aide pas à faire société. Les grands mouvements de migration sont devant nous et plutôt que de donner l’illusion de pouvoir se barricader, nous ferions mieux d’apprendre à mieux accueillir et à nous préparer à un monde où le concept de frontières va nécessairement être revisité de part les changements climatiques. Par ailleurs, la migration est économiquement bénéfique à notre économie et toutes les études le disent. Nous attendons d’une part de notre gouvernement un discours honnête sur la réalité des chiffres (non, nous ne sommes pas envahis, loin de là) ; et d’autre part une vraie pédagogie sur les réalités liées aux migrations, loin de l’agitation des peurs et des fantasmes qui prévaut actuellement.