26 juin 2023

L’abej SOLIDARITE est engagée en faveur de la Réduction des Risques et des Dommages

Mardi 20 juin, toute l’équipe du CAARUD Le Point de Repère a participé à un voyage d’étude à Strasbourg.
Objectif : visiter la salle de consommation à moindre risque ARGOS portée par l’association Ithaque.

Une salle de consommation à moindre risque, qu’est-ce que c’est ?

C’est un dispositif de santé publique porté par un CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) où des professionnels formés (travailleurs sociaux, médecins, infirmiers, psychiatres, psychologues) accompagnent des personnes en situation de précarité usagères de drogues illicites et/ou de médicaments. Il permet la consommation de produits dans les locaux, dans des conditions sanitaires adaptées et sécurisées. Il existe deux salles de consommation à moindre risque en France : la 2ème est à Paris, portée par l’association Gaïa.

L’objectif de ces lieux est de :

  • permettre de créer des contacts entre les usagers de drogue et des professionnels de santé,
  • d’accompagner et d’éduquer les personnes pour que leurs pratiques soient le moins à risque possible et de les accompagner vers le soin
  • de contribuer à l’apaisement du climat social en évitant que ces personnes consomment dans les espaces publics,
  • de sensibiliser à l’importance des politiques de Réduction des Risques.

La situation lilloise

A Lille, toutes les associations portant un CAARUD se sont regroupées. En accord avec la Mairie de Lille et l’ARS ( Agence Régionale de Santé), elles ont proposé l’ouverture d’une salle de consommation. Un local a été trouvé et aménagé, les équipes étaient en cours de recrutement ! Mais ce projet a été stoppé par le gouvernement pour des raisons uniquement politiques. Alors que partout dans le monde, ces salles ont prouvé leur efficacité et leur intérêt, la France reste sur une approche sécuritaire et répressive plutôt que d’être pragmatique et d’accompagner les personnes souffrant d’addictions.

À titre de comparaison, la Suisse compte aujourd’hui une quinzaine d’espaces pour un pays de 8,6 millions d’habitants et l’Allemagne 25 espaces pour un pays de 82,3 millions d’habitants. À l’échelle de la ville, Copenhague au Danemark compte trois espaces pour une ville d’environ 600 000 habitants quand Paris compte un seul espace pour une ville de 2,6 millions d’habitants.

Pour l’instant, ces salles restent expérimentales en France. La Fédération Addictions (à laquelle l’abej SOLIDARITE adhére) continue la mobilisation pour que les études scientifiques en démontrant l’intérêt soient entendues.

Une alternative à laquelle il faut réfléchir

En l’absence de Halte Soins Addiction (nouveau nom des salles de consommation à moindre risque) sur le territoire, la Fédération Addiction a lancé la réflexion sur des alternatives. En effet, au sein de tous les CAARUD, des consommations de produits illicites existent déjà. Elles sont reléguées le plus souvent dans des toilettes, à l’abri des regards. Ces pratiques dissimulées imposent un risque sanitaire aux personnes et soulèvent des questionnements éthiques majeurs sur le respect de la dignité des individus.

Par ailleurs, nous constatons que des mesures d’accompagnement de la consommation existent déjà pour les drogues licites, comme l’alcool. Leur mise en place a démontré des améliorations significatives en termes de santé et de sécurité pour les personnes concernées.
Aussi, pourquoi ne pas tirer des enseignements de ces expériences réussies et adapter nos pratiques en conséquence ?

La visite de la salle de consommation à Strasbourg a permis de sensibiliser l’équipe du Point de Repère à des nouvelles pratiques et de découvrir de manière empirique l’importance d’avoir une approche pragmatique face aux consommations des usagers de drogue.

Nous poursuivons les échanges de pratiques. Nous accueillerons prochainement l’équipe d’Ithaque pour leur faire découvrir ce qui se fait au sein de notre CAARUD, notamment toute la partie prévention et recherche de solutions d’hébergement et de logement. Sans oublier bien sûr le projet expérimental des Portes du Soleil où nous accueillons et accompagnons des dames usagères de drogue dans un lieu de vie communautaire.

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