29 septembre 2022

La santé participative à l’abej SOLIDARITÉ

Un constat : les personnes privées de domicile, en situtation de précarité, présentent un état de santé plus dégradé. Ceci est dû au fait de leur précarité, de leurs difficultés à accéder à l’offre de prévention et de soins (consultations médicales, dépistages de cancers, etc.) et aux droits sociaux (comme bénéficier d’une protection maladie).
Dès sa création, l’abej SOLIDARITÉ comprend que pour accompagner les personnes sans domicile, il faut prendre en compte leurs problèmes de santé. De ce fait, des permanences médicales sont ouvertes dès le début et se développent avec les besoins grandissants.
Dans nos accueils de jour (rue Solférino et au Point de repère), des médecins et des infirmières (salariés et bénévoles) accueillent les personnes accompagnées au sein du Centre de santé

Et en mars dernier, nous avons eu envie d’aller plus loin : de proposer la santé participative. Aussi, nous sommes engagés dans l’aventure de l’expérimentation des centres de santé participatifs. Qu’est-ce qu’on entend par centre de santé participatif ?

C’est en partant de ce constat, que née l’idée de l’expérimentation pour proposer un accompagnement adapté et permettre de réduire les inégalités dans le domaine de la santé.

L’accompagnement se fait à travers une approche médico-psycho-sociale. Il s’agit de prendre en compte, outre la santé physique de la personne, son état psychique et moral, ses conditions de vie et les difficultés rencontrées. En effet, pour que cet accompagnement soit pertinent, il est primordial d’associer la personne à toutes les décisions qui la concernent. Ceci est vrai, qu’il s’agisse de son parcours de soin ou plus largement du fonctionnement du service : comme associer les patients aux actions de prévention que nous pouvons proposer afin qu’elles répondent à leurs besoins.  

Bien sûr, rien de très nouveau pour nous à l’abej SOLIDARITÉ ! L’approche globale est dans nos gènes existe depuis bien longtemps au Centre de santé : temps consacré à créer un lien de confiance avec la personne, coordination de son parcours en lien avec les services hospitaliers, travail partenarial mené avec les équipes des accueils de jour, de la maraude, de la Halte de Nuit ou d’autres organismes externes à l’association, etc. Ce qui change, c’est que cela nous donne désormais les moyens de recruter du personnel dédié à ces actions et d’améliorer ainsi la qualité de l’accompagnement que nous pouvons proposer aux patients.


Frédéric est travailleur social au sein du Centre de santé de l’abej SOLIDARITÉ, il nous livre son témoignage sur la santé participative.

Spontanément, la combinaison des mots santé et participative m’apparaît aller de soi.
Il me semble en effet que chacun a le droit de gérer sa santé comme il l’entend, en s’informant, en consultant le médecin, en prenant des médicaments ou pas.
Bref de faire ses propres choix !
Mais accoler l’adjectif participatif au nom santé montre que cela n’est pas si simple.
Les témoignages des personnes accueillies rencontrées à l’abej SOLIDARITÉ et mon vécu de travailleur social au Centre de santé le confirment.

Pour des raisons diverses, les patients qui fréquentent l’abej SOLIDARITÉ maîtrisent peu ou pas leur parcours de santé : accès aux droits santé, accès aux soins, prise de rendez-vous, compréhension des diagnostics, prise des médicaments…
Une des causes me semble être la complexité de l’accès au parcours de soins. Je relie cela à l’évolution numérique de cet accès.

Sans adresse mail, téléphone portable et connexion internet, il est quasiment impossible de communiquer avec la CPAM, un médecin, un hôpital.
Pour sécuriser un appel, une démarche, une prise de rendez-vous, de nombreux paliers existent et mettent en difficulté les personnes malgré leur volonté de faire par eux-mêmes.
Une réflexion et des actions liées à la santé participative sont en cours à la CPAM pour réduire ce fossé qui se creuse.
Dans certains cas, l’éloignement peut conduire à un renoncement à s’occuper de sa santé.
Que le renoncement soit déjà présent ou pas encore, je tente en concertation avec l’équipe du Centre de santé de limiter les risques en accompagnant les patients avec ou sans droits dans leurs démarches CPAM et à l’hôpital. Des temps d’échange collectifs sont également pensés pour que les personnes accueillies puissent prendre la parole.

Dans toutes mes missions, je recherche l’adhésion des patients en modulant mon accompagnement selon l’autonomie, les besoins et les souhaits de chacun. Cela vise à simplifier la situation pour le patient mais également pour la CPAM, les médecins, infirmiers, hôpitaux…


La santé participative implique que les patients soient acteurs de leur santé, en jouant un rôle qui leur est attribué. Idéalement, je souhaiterais qu’ils deviennent auteurs de leur santé, en étant à l’origine de leurs démarches et de leurs choix.


Nous ne sommes qu’au début de l’expérimentation. Elle prendra fin en décembre 2023. Les défis qui se profilent sont nombreux.

  • Bien identifier et formaliser tout le travail mené, pour valoriser ce que nous faisons et pour que les besoins spécifiques des personnes que nous accompagnons soient pris en compte.
  • Construire avec les personnes un programme de prévention en santé adapté à leurs besoins et attentes.
  • Développer les partenariats et renforcer la coordination des parcours des personnes.
  • Faire évoluer le fonctionnement du service afin que tous, « anciens » et « nouveaux » professionnels, trouvent leur place dans l’équipe.
  • Accepter de tester de nouvelles organisations, de tâtonner, et de modifier la trajectoire si nécessaire.

C’est avec enthousiasme que nous nous engageons dans cette expérimentation. Nous espérons que tout ce qui se construit permettra de renforcer réellement l’accompagnement en santé des personnes privées de domicile.

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