21 juillet 2022
Se soigner quand on vit à la rue et qu’on a en plus un animal !
Doctolib en accès libre sur son smartphone, carte vitale et carte de mutuelle en main, papiers d’identité à jour, rien de plus simple que de se soigner, de prendre un rendez-vous médical et s’y rendre sans embuche….enfin cela pour la plupart d’entre nous.
Se soigner, se rendre chez le médecin, à la pharmacie ou à l’hôpital, est anodin pour vous ?
Alors maintenant imaginez, si vous n’aviez pas de logement, ni d’abri, si l’intégralité de ce que vous possédez et qui représente toute votre vie tenait dans deux valises et un sac à dos, que vous deviez charrier toute la journée et tous les jours, partout où vous allez. Accepteriez-vous le regard stigmatisant que les autres patients de la salle d’attente poseraient sur vous et vos valises ?
Quand on ne sait pas où l’on sera demain, où l’on dormira ce soir, comment se protéger des intempéries, la priorité se situe ailleurs que dans l’accès au soin.
De plus la rue est effrayante lorsque l’on est condamné à y passer ses nuits, le sommeil y est quasi impossible, la fatigue s’installe très vite et le découragement avec. Souvent l’on dort la journée pour rester alerte quand l’obscurité tombe. Dans ces conditions, les démarches administratives et les déplacements se compliquent forcément.
Maintenant, imaginez qu’en plus de tout ça, votre seul compagnon de galère, celui qui prend soin de vous la nuit quand vous êtes vulnérable, celui que vous considérez comme un membre de votre famille, qui vous apporte soutien, affection et présence, celui dont vous avez la responsabilité et que vous ne quittez jamais, ne puisse pas vous accompagner et doive rester aux portes de l’établissement où vous devez aller vous soigner. Aurez-vous envie de vous y rendre quand même ?
Voici le genre de difficultés et de dilemme que vivent les personnes privées de logement et qui de surcroit possèdent un animal. Prendre soin de soi ou de celui qu’on aime ?
Pour toutes ces raisons, ce n’est pas aussi simple pour tout le monde d’accéder à ce droit fondamental que représente la santé.
Les personnes privées de domicle sont beaucoup à renoncer au soin où à y recourir trop tard, en urgence, quand les pathologies sont déjà graves et installées.
L’impact de ce renoncement sur l’état de santé général est sans appel : l’espérance de vie pour les personnes ayant connu la rue est de 49 ans aujourd’hui en France, soit près de 20 à 25 ans de moins que pour le reste de la population.
Il existe de nombreux dispositifs pour lever les freins et notamment au sein de l’association :
Les équipes de santé présentes au pôle accueil passent beaucoup de temps à aider les personnes dans leurs démarches d’accès aux droits, à les accompagner à leurs rendez-vous, à faire le suivi des soins et des traitements, ce qui soulage les personnes épuisées par la rue qui peuvent rarement assurer cette gestion seules.
La halte de nuit, propose un système de bagagerie pour les personnes qui fréquentent régulièrement le lieu. Cela permet de mettre ses affaires en sécurité jusqu’à 30 jours d’affilé. Et de se libérer de ce poids pour se déplacer plus librement et incognito.
Enfin, le point de repère, de son côté, propose des cages de gardiennage pour les animaux, il est possible de les y laisser toute une journée. Mais en cas d’hospitalisation ? A qui confier son animal plusieurs jours et en toute confiance ? Il ne s’agit pas juste de remplir la gamelle quotidiennement comme lorsque l’on part en vacances et que notre voisin nous dépanne.
Il s’agit de plusieurs jours, parfois quelques semaines, pour permettre à son propriétaire de penser enfin à lui, se soigner et prendre le temps qu’il faut pour cela.
Les hospitalisations devant souvent se faire en urgence, pas le temps non plus de réunir l’argent nécessaire pour envisager un placement en pension spécialisée.
Quand malgré les embuches, tout est organisé et finalisé et que la dernière barrière n’arrive pas à tomber, c’est tout un investissement en amont qui n’a servi à rien.
Les salariés de l’abej Solidarité sont plus d’un à avoir accueilli des animaux chez eux pour dépanner au dernier moment ou demandé à leurs proches de le faire quand leur appartement était trop petit.
Et il y a deux ans, quand une de nos bénévoles, Fabienne, a proposé d’accueillir chez elle des chiens pour répondre aux situations d’urgence, ce n’est pas juste un petit service qu’elle a proposé. Cela a permis de débloquer beaucoup de situations sans issue. Pouvoir compter sur elle, a représenté un véritable soulagement, et à permis de proposer de se soigner à plusieurs personnes accueillies.
Face aux défis quotidiens que l’on partage avec celles et ceux qui connaissent la rue, on ne peut qu’être solidaires et impliqués. On ne peut qu’avoir envie que les situations avancent et que ça marche, que tout ce qu’on met en place pour aider et soutenir les personnes, serve à quelque chose. Alors si c’est de garder un chien pour que son maitre ait une chance d’aller mieux, pas de question à se poser, ça a vraiment du sens !
Il n’y a pas de petite aide. Il y a une chaine de mains tendues qui bout à bout crée un magnifique réseau d’entre aide pour sortir des casse-têtes quotidiens de la vie à la rue.
En bonus, des relations privilégiées se nouent à ces occasions. C’est un véritable échange qui se crée. Car imaginez la reconnaissance de Stéphane, et depuis de Fabrice, de Sandra ou de Malik, d’avoir pu confier la prunelle de leurs yeux, avoir pu compter sur quelqu’un pour pouvoir avancer sans méfiance, cela compte dans un parcours de vie, cela redonne confiance et cela créer des liens indéfectibles.
Sans parler de l’affection qui lie les animaux et leur famille d’accueil : un séjour dont on se souvient pour toujours.
Vous avez envie d’agir à nos côtés, alors osez le bénévolat. Venez nous rejoindre !
Envoyez vos coordonnées à : benevolat@abej-soldiarite.fr ou postuler sur https://abej-solidarite.fr/abej-solidarite/nous-rejoindre/?type_dannonce=benevolat
Violaine, coordinatrice des bénévoles