18 mars 2020

Comment rester confiné chez soi lorsqu’on habite dans la rue ?

A Lille, 2 830 personnes sans domicile fixe ou qui vivent dans des situations d’hébergements précaires avaient été recensées lors de la dernière étude ! Elles sont particulièrement touchées par la situation que nous vivons tous aujourd’hui.

Nous devons tous rester chez nous, être confinés, ne sortir que lorsque c’est vraiment nécessaire. Cela est nécessaire et possible pour la plupart d’entre nous. Mais comment faire pour les personnes dont le « chez elles » est la rue ?

Pour justifier qu’elles ne sont pas chez elles, qu’elles sont dans la rue, quelle case les personnes sans domicile fixe doivent-elles cocher sur l’attestation de déplacement obligatoire ? Il n’y a pas de case « habite dans la rue », ou encore « doit faire la manche pour manger » ?

Et d’ailleurs comment continuer à faire la manche et avoir de quoi se payer un sandwich, un café ? Il n’y a plus de passage, tout est calme, désert… Or, quand on est à la rue, on a l’habitude d’être au milieu de la foule, du bruit, on se sent moins seul, moins isolé….

C’est difficile, compliqué pour nous tous, mais cela l’est tellement plus pour ceux et celles qui sont privés de domicile

A l’abej SOLIDARITE, nous mettons tout en oeuvre pour que nos structures restent ouvertes. Nous sommes tous mobilisés, y compris les services « support » qui souvent se proposent de venir renforcer les équipes des structures d’accueil et d’hébergement. Nos équipes médicales sont sur le pont pour maintenir notre centre de santé ouvert. Il est important de ne pas engorger plus les hôpitaux qui sont à saturation. Nos équipes de maraude continuent d’aller vers ceux et celles qui passent la nuit dehors pour ne pas rompre le lien.

Nos équipes font aussi de la sensibilisation pour que nos résidents et les personnes accueillies respectent au mieux les consignes de confinement et les gestes barrières.

Mais quand on vit à la rue depuis longtemps, on n’a pas conscience de ce qui se passe. On pense à survivre, trouver à manger, un coin pour se reposer en sécurité, quelques euros pour acheter une boisson et du tabac. Alors les gestes barrière ! Dans ces conditions, cela veut dire quoi de ne plus se passer la clope, de ne plus boire dans la même canette ? Il faut beaucoup de pédagogie et les personnes ont besoin qu’on les accompagne pour prendre conscience de la réalité des choses.

Et dans nos lieux d’accueil exigus, comment continuer à accueillir et respecter les distances ? Comment interdire aux personnes épuisées de se reposer parce qu’il y a moins d’un mètre entre elles ? Comment refuser l’entrée parce qu’il y a déjà trop de monde ! Un casse-tête pour nos équipes.

Alors on gère l’urgence. Au continue là où c’est possible de servir des cafés, de donner un sandwich, de distribuer du matériel stérile,  de garder l’accès aux douches et aux toilettes. On fait comme on peut !

Les lieux habituels de distribution alimentaires sont fermés, les restaurants qui habituellement donnaient de quoi manger aux personnes de la rue sont fermés ! Ce sont donc nos équipes de maraudes, qui en plus de rassurer, vont démarrer dès aujourd’hui des distributions de sandwichs, de fruits, de boissons.

Pour faire face à ces dépenses, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de votre don. Il n’y a pas de petit, de moyen, de gros don. Un geste, quel que soit le montant, nous aidera.

Rdv sur notre site :

https://www.donner-abej-solidarite.fr/

Plus que jamais, nous avons tous un don. Nous comptons sur vous : merci

N’oublions pas ceux qui sont enfermés dehors !